LES CONFIDENCES D’ANNE-CHARLOTTE
Prologue
Pour comprendre cette histoire, il est important que je plante le décor dès à présent.
Moi, c’est Anne-Charlotte, petit cocker rouge de 5 ans. Mon papa dit de moi que je suis plus futée que la moyenne et tout pousse à croire qu’il a raison. Après avoir passé les tests d’intelligence, il s’est avéré que j’ai un QI de 130 sur l’échelle de la croquette. Ça en jette, ne trouvez-vous pas ? Je suis consciente que j’impose le respect, alors maintenant que j’ai votre attention, je vais tout vous raconter.
Je suis née en Bulgarie le 21 juin 2017, près de la deuxième plus grande ville du pays, Plovdiv, à tout juste 120 kilomètres de la capitale, Sofia. Ça, c’était pour le côté histoire-géo.
On ne sait pas grand-chose du début de mon existence, sinon que ma vie a réellement commencé le 15 septembre 2017 lorsqu’un humain, appelé Arnaud, est venu me chercher pour m’emmener à deux heures trente de mon village natal, vers un autre Arnaud. À ce moment précis de ma vie, je me suis demandé si tous les humains portaient ce même prénom. Il y a de quoi s’y perdre…
Arrivée sur place, j’ai vite remarqué qu’un signe très distinctif les séparait : celui qui était venu me chercher était grand et élancé, tandis que l’autre, qui m’attendait sur place, était petit et bien portant. Le bon côté de la chose est qu’il était bien planté dans le sol et ne risquait pas de tomber. Et devinez quoi ? Le petit est devenu mon papa.
En ce qui me concerne, je suis un tout mince gabarit pour ma race, car je pèse 9 os, soit un gros poulet. L’os est l’unité de mesure chez nous, les chiens. Mais ne vous méprenez surtout pas ! Petite ne veut pas dire insignifiante pour autant. C’est même tout le contraire ! Je peux me vanter d’être la chef de ma famille, que je mène à la baguette avec un plaisir non dissimulé. Il est d’ailleurs grand temps que je vous présente les membres qui la constituent.
La famille d’Anne-Charlotte
Tout d’abord, la doyenne : Héloïse. C’est un cocker tout comme moi, à la différence qu’elle est de couleur noire. La première fois que je l’ai vue, j’ai tout d’abord cru qu’elle était en deuil, mais pas du tout : c’est tout simplement son pelage qui est de cette couleur. C’est la fille de Faustine et d’Édouard. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ce couple mythique tout droit sorti d’un film d’amour ? Héloïse est un vrai mélange de leurs deux caractères, et nous sommes très bonnes copines.
Puis il y a Magdalena, alabaï et fière de l’être. Au moment où j’ai été adoptée, elle venait de fêter son premier anniversaire. Niveau taille, elle a deux étages de plus que moi. Rien que d’y penser, j’en ai le vertige. Quant au poids, lorsqu’elle me marche sur la patte, elle doit peser quelque chose comme… 50 os, car ça fait très mal et c’est très lourd. Enfant, j’ai beaucoup joué avec elle. Aujourd’hui, nous sommes adultes, et nos amusements ont laissé place à une véritable amitié. J’adore toujours comploter avec elle contre les mâles.
Justement, parlons-en, de ceux-là !
Martin est le demi-frère de Magdalena. Il est le contraire de sa sœur. Un vrai garçon, et moi je n’aime pas les garçons. Il est lourd dans tous les sens du terme. Mon Dieu qu’il est lourd ! Le poids ? Je l’estime à 90 os. Quant à la bêtise, elle avoisine les 120 os. Il semblerait que niveau QI, je ne lui ai rien laissé, pas même une petite miette. Il voue une véritable passion pour les oreilles des humains. RI-DI-CULE ! Cela dit, pendant qu’il les lèche et que mon papa trouve ça mignon, ça me fait des vacances, et il ne cherche pas à approcher ma gamelle.
Il y a aussi le dernier arrivé : Charles-Antoine, cocker bleu, aussi pathétique que Martin. Il sera pourtant mon futur partenaire dans cette histoire. Il est le cocker surexcité dans toute sa splendeur. Heureusement que je suis là pour le calmer et le remettre dans le droit chemin. Quand je l’observe, j’ai presque honte d’être de la même race. C’est qu’il nous donnerait mauvaise réputation !
Enfin, il y a Arnaud, le « deux pattes » comme j’aime l’appeler. Je fais ce que je veux de lui. D’un simple regard, j’obtiens tout ce que je désire, et ça marche à chaque fois. Il ne s’aperçoit de rien. Qu’il est naïf !
C’est lui qui nous offre à manger, nous promène et nous emmène chez le vétérinaire lorsque nous sommes malades. Pas toujours cohérent dans ses ordres, je l’aime bien, même si la lumière n’est pas au rendez-vous à tous les étages. Un mâle quoi !
Et moi, dans tout ça ?
Lors du dernier anniversaire de mon papa, le 12 octobre, il a clamé haut et fort qu’il voulait un bébé. J’ai tout d’abord pensé : « Pardon ? Une belle-mère à la maison ?? Quelqu’un nous a demandé notre avis peut-être ? S’il choisit les femmes aussi bien qu’il a choisi les mâles de la maison, nous ne sommes pas sortis de l’auberge ! »
Puis j’ai senti son regard se poser sur moi et c’est à ce moment précis que j’ai aboyé : « Non mais dis donc ! On va se calmer, l’ami ! Pas de ça avec moi ! »
Finalement, j’ai compris qu’il ne parlait pas d’un bébé humain, mais de chiots. Et, apparemment, j’allais être leur maman…
Cher journal, cher vous…
Vous l’avez compris : je vais vivre une expérience très excitante que j’ai envie de partager avec vous. Je vais donc écrire une sorte de journal intime. Il ne sera pas tout à fait comme les autres. Vous serez mes confidents, et je vous raconterai toutes mes péripéties au jour le jour.